1ère partie de la contribution de Michel Revest au livre blanc Imaginer l’assurance de demain.
Les êtres humains en société ont des besoins premiers, ceux de leur survie. Satisfaire ces besoins oblige les êtres humains à s’inscrire dans le temps pour créer la capacité à s’alimenter, se loger dans des habitats adaptés, construire les infrastructures qui constituent la matière des sociétés.
Il leur a fallu s’organiser dans des périodes se comptant en années, dizaines d’années et bien plus.
Avec la naissance des sociétés, naissent la solidarité et la mutualisation des risques sans lesquelles elles ne peuvent exister.
Ensuite, avec ces organisations sociales matérielles et sociales et la création des richesses indispensables pour la survie puis la vie sociale qui les accompagnent, viennent les risques (incendie, menaces naturelles de toutes sortes, environnement hostile, appropriations illégitimes de toutes natures, guerres entre tribus et peuples …).
La préoccupation assurantielle est constitutive de toutes les sociétés pour limiter ou faire face aux risques matériels et sociaux. La tribu et le village reconstruisent les cahutes détruites, ou remplacent les récoltes perdues.
Le raisonnement est identique pour la satisfaction des besoins plus sophistiqués nés des échanges, du commerce et de l’industrie au fil des siècles.
L’assurance sous ses formes rudimentaires (solidarité d’unités sociales de base) ou les plus évoluées est liée structurellement, « quasi naturellement », au développement de nos sociétés. Ces dernières ont besoin de solidarité et de mutualisation, pour exister d’abord, pour se développer ensuite.
L’assurance est une condition nécessaire du progrès économique comme humain, oubliée des économistes … du moins de certains.
L’assurance est présente dès les origines des sociétés, dès les premiers besoins, de façon embryonnaire, rustique, pour devenir de plus en plus sophistiquée avec le développement économique, la création de richesses qui ne peuvent être créées sans garanties contre leur destruction (le désordre social de ces pertes serait trop grand et le risque de consacrer des ressources pour les créer ne serait pas pris), la cohésion sociale (santé, vieillesse, travail, incapacité, accidents …).
La vérité d’une assurance-pilier, élément constitutif de la société (de toutes les sociétés même primitives) est celle de nos sociétés passées sans laquelle elles n’auraient pu exister. L’assurance est au final la prévoyance de nos sociétés ; elle donne l’épaisseur du temps à celles-ci ; elles préparent leur futur ; elle leur permet un avenir, ce qu’avait compris Attali.
L’assurance a été ainsi un des privilèges régaliens des Etats au même titre que la monnaie, la force armée, le pouvoir législatif.
Son rôle de pacificateur des sociétés (entre générations, groupes sociaux, classes, peuples), et de ferment indispensable au développement ont conduit les Etats à être les assureurs des sociétés pour des pans entiers de risques (protection sociale), ou en être les garants, être le recours ultime en cas de défaillance. L’assurance ne peut faillir ; elle est si essentielle qu’elle ne peut faire défaut.