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La sante n’a pas de prix

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Stéphane Gaudu

Directeur Général – Identités Mutuelle

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« La santé n'a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoiqu'il en coûte » a déclaré Emmanuel Macron. 

Quand les politiques se laissent aller ou comme disait Alphonse Allais : « Une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites »…

Certains lecteurs avisés ont en mémoire les alinéas 10 et 11 du préambule de la Constitution : « La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à son développement » ainsi que : « La Nation garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs… ». Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler, a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.

Ces mêmes lecteurs constateront donc que notre Président de la République, garant de la Constitution, la met bien en œuvre… mais aussi que ce préambule est pour le moins généreux en terme d’engagement.

Ce préambule reste toutefois prudent car il s’engage à protéger la santé du citoyen (ce qui est déjà un vrai challenge) mais pas à lui sauver la vie…

La pandémie de COVID 19 que nous connaissons actuellement, donne l’occasion à notre pouvoir exécutif de faire preuve d’ambition…

Mais disons-le aussi d’une générosité assez peu constitutionnelle…

En effet la recherche d’équilibre entre finance et santé publique est prévue depuis 2008 et l’article 34 de la Constitution qui stipule que les lois de programmation des finances publiques « s’inscrivent dans l’objectif d’équilibre des comptes des administrations publiques ».

 

Des « spécialistes » ont tenté d’évaluer le prix de la vie…

Pour déterminer le prix de la vie, deux méthodes. La première consiste à estimer la perte subie par la société à cause du décès d'un individu. Une fois mort, un individu ne travaille plus et ne consomme plus. Il ne crée donc plus de richesses pour la société.

Deuxième option, utilisée plus souvent car jugée moins mercantile : partir de la somme que les citoyens sont prêts à payer pour réduire leur risque de décès. « Par exemple, une personne qui prend sa voiture tous les matins découvre qu'un airbag à 100 euros lui permettrait de réduire ses risques de mourir de 4 chances sur 100 000. (Grâce de savants calculs dont je vous ferai grâce), on estime que la vie de cet homme vaut 2,5 millions d'euros », explique un article de Luc Baumstark (Commissariat Général à l’investissement) sur le sujet.

Mais ne rentrons pas dans ces débats comptables.

 

Il s’agit de fait d’un débat de fond, d’un vrai choix positif de société.

 « Une chose n'a pas une valeur parce qu'elle coûte, comme on le suppose, mais elle coûte parce qu'elle a une valeur. » Etienne de Condillac (philosophe et économiste)

Constitution, Gouvernement, collèges d’experts… Est-il raisonnable de déléguer ainsi à une organisation quelle qu’elle soit ce que l’on a de plus cher (sa vie donc…) ?

Chacun n’est-il pas responsable de sa personne ? Cette responsabilité est-elle délégable ?

Toutes les aides et les concours les plus divers sont les bienvenus, de l’état, aux associations, des collectivités aux acteurs que nous sommes, assureurs et mutuelles compris. Mais créer un état de dépendance chez  les citoyens, même avec les meilleures intentions du monde, en leur faisant oublier leur propre responsabilité dans le maintien de leur santé via le choix d’une bonne alimentation, la pratique d’un peu de sport, par exemple , n’est pas le meilleur service à leur rendre.

 

Alors en tant que mutualiste que faire ?

Nos ambitions de mutualistes sont modestes…

Conscients du prix de la santé et de l’écart grandissant entre les besoins et les moyens, nous faisons en sorte de favoriser l’accès aux soins pour tous.

Les moyens aussi sophistiqués soient-ils ne font pas à eux seuls un marché, dans les domaines de la santé nos produits et services doivent accompagner les progrès médicaux.

Le concept vulgarisé par Steve jobs « du Champ de distorsion de la réalité » n’est pas notre modèle… Essayant de rendre indispensable un service ou un produit parfaitement inutile…

Mais le marketing utile à notre démarche n’est-il pas avant tout le marketing du vivant ? Si l’on devait trouver dans l’art le symbole d’une démarche mêlant vie et technologie, ce pourrait être la casa Batllo à Barcelone, ou l’architecture est au service de la nature.

N’étant pas un spécialiste, je ne m’aventurerai pas dans un champ théorique qui m’échapperait rapidement… J’évoque un ressenti et l’observation d’un terrain…

 

Y-aura-t-il un monde nouveau après cette crise inédite ?

Des évolutions de comportements sans doute, mais les besoins fondamentaux de chacun demeureront…

Ainsi nos adhérents ne nous demandent pas d’investir des budgets conséquents en Recherche et Développement, ils nous demandent d’être présents quand ils en ont besoin, là où ils en ont besoin, pandémie ou pas…

Notre propos n’est pas d’être les premiers à envoyer un adhérent sur Mars mais d’être les premiers à lui permettre de se soigner tout en lui rappelant que la première condition d’une bonne santé c’est son comportement au quotidien.

C’est en cela que le modèle mutualiste de proximité est pertinent et que ce modèle n’a pas besoin d’envergure internationale ou de vision 4.0, il a besoin de vivre, au plus près, avec bienveillance et simplicité.

Ceci n’empêche pas d’innover quand l’innovation a pour but de s’adapter aux évolutions médicales, de réduire les coûts tout en améliorant les services, en les rendant encore plus simples et plus accessibles.

Si cet objectif peut paraître moins enthousiasmant que la conquête de l’espace il n’en est pas moins utile et au final n’est-ce pas là l’essentiel ?

Alors soyons ambitieux dans nos valeurs et toujours présents pour nos adhérents quoi qu’il en coûte ?

 

P.S : Au moment de conclure cette chronique, un article d’Elsa Conesa dans Le Monde retient mon attention … extraits de déclarations de conseillers de l’exécutif : « Conçu comme un traitement de choc face à une guerre qu’on imaginait de courte durée, le "quoi qu’il en coûte" s’est installé dans le paysage comme un acquis indiscutable face au risque sanitaire. Cette formule repose implicitement sur l’idée que défendre la vie vaut tous les sacrifices (Christian Gollier) Mais cette idée s’est renversée après le premier confinement, l’exécutif a compris qu’il avait peut-être donné trop de valeur à la dimension sanitaire et pas assez aux conséquences économiques et sociales d’un confinement dur. Détruire l’économie cela créé aussi des drames humains »…

La Vie est simple, évidente mais sa mise en équation est bien complexe…

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