1ère partie de la contribution d’Olivier Blandin au livre blanc Imaginer l’assurance de demain, téléchargeable ici.
Des difficultés de la prospective
Penser l’avenir est le propre de l’Homme face à l’animal ou la machine. « To be or not be » pour reprendre le monologue d’Hamlet, ou plus proche de nous Doris Day chantant : “What will be will be”, ou « que sera sera ». C’est la même chose en assurance, nul chatbot ne pourra prédire l’assurance de demain, nul algorithme pour nous dessiner l’avenir de nos métiers
« A quoi ressemblera l’assurance de demain. Dans un monde d’Entrepreneurs et de Free lances, aurons-nous encore de l’assurance COMME nous la connaissons aujourd’hui ? »
Que l’on soit dans une approche optimiste « du bien être pour tous », ou dans une approche plus pessimiste de type « ça va être de plus en plus difficile», cet exercice de prospective trace des routes qui peut-être aboutiront ou… n’aboutiront pas. Seul l’avenir nous le dira.
Impact des révolutions industrielles passées
Avant d’aborder les rivages de notre futur proche, autorisons-nous un clin d’œil dans le rétroviseur.
Entre la première révolution industrielle et la seconde révolution industrielle le temps écoulé se décompte en dizaine d’années, entre la seconde et la troisième révolution industrielle, l’intervalle se compte en années.
La première révolution industrielle commence au Royaume Uni durant la seconde moitié du XVIIème siècle, et s’appuie sur les promesses du charbon et des premières machines à vapeur. La seconde Révolution industrielle ne commence que près d’un siècle plus tard, et repose sur une nouvelle forme d’énergie : l’électricité ; et voit également apparaitre de nouveaux moyens de transports comme l’automobile et l’apparition des premières machines-outils. Nous sommes aujourd’hui dans La « troisième révolution industrielle » (TRI), popularisée par Jeremy Rifkin . Cette révolution industrielle se distingue des secteurs d’activité classique et aurait démarré au milieu du XXème siècle avec le développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Les changements nés de la troisième Révolution Industrielle constituent une rupture par rapport au modèle traditionnel et s’articulent autour la transition énergétique : des énergies renouvelables, la notion d’énergie distribuée, et la création de moyens de transport électriques, sans négliger une nouvelle vision du travail basée sur une recherche de sens et un plus grand besoin de flexibilité.
Nous le constatons, ces éléments sont déjà présents dans nos vies, que l’on songe à la volonté de gérer la transition énergétique, aux offres d’assurances d’acteurs de la place en matière d’énergies renouvelables, ou aux offres nouvelles en matière de véhicules hybrides ou électriques.
Alors la question reste posée « de quoi sera faite l’assurance en 2040, à l’heure des nouvelles révolutions industrielles ? »
Future of work : quelles assurances pour le nouveau monde du travail ?
La IVème Révolution Industrielle redessine les modèles économiques hérités du XX IVème siècle. L’emploi est revu sous tous ses aspects, sa durée, sa rémunération, sa protection.
Les indépendants hier minoritaires deviennent la force vive de l’activité économique. En France, ils représentent aujourd’hui plus de 900 000 personnes en croissance de plus de 100% sur les 10 dernières années. Le développement de populations d’indépendants, freelance hors du système classique de salariat redessine un monde du travail nouveau (« Future of work ») et bouleverse le marché des assurances et plus particulièrement les assurances de personnes, et de la protection sociale. Le Future of work entraîne le déplacement de certains métiers du salariat vers l’auto-entrepreneuriat ainsi que la création de nouveaux services.
Cette évolution peut créer un nouveau marché pour les assureurs. Afin de continuer à protéger ces nouveaux indépendants, l’assureur redessine la relation client en suivant des axes de flexibilité, « selfcare », et distribution multi canal.
Les principales évolutions ? Un indépendant qui tend à se professionnaliser dans ses choix, à tel point qu’il devrait être bientôt plus étroitement associé à la conception des produits d’assurance. Ses attentes en termes d’adaptabilité, de flexibilité et de modularité ont un impact fort sur la façon dont les assureurs vont penser et distribuer leurs offres. Il leur faut désormais proposer différents types de couvertures, adaptées aux activités multiples des indépendants et freelances de demain.
Les populations salariées disposent automatiquement d’un système de protection sociale globale au niveau de l’entreprise allant de « simples » couvertures Santé Prévoyance à des packages plus larges comprenant également les dimensions Epargne -Retraite. Sur les aspects Responsabilité Civile, le lien de subordination rattache automatiquement le salarié à la responsabilité civile de son entreprise.
Tel n’est pas le cas pour les indépendants / free lances et ce, quelle que soit la nature des risques à couvrir.
Sur les aspects assurances de personnes : Santé, Prévoyance, Epargne- Retraite, l’indépendant ne dispose d’aucune protection automatique ou obligatoire. Charge à lui de bâtir sa propre protection en tenant compte de critères divers liés à son activité, sa situation familiale, sa situation fiscale et patrimoniale, la durée de son activité d’indépendant (définitif ou temporaire), et tout autre critère personnel.
Aujourd’hui, des solutions de protection sociale existent au profit des indépendants et free lances que ce soit dans un cadre TNS Madelin, ou dans un cadre Entreprise et Collectif si l’indépendant exerce avec un statut assimilé salarié de type Président de SASU. Ces solutions ont comme caractéristiques d’être industrialisées.