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Demain l’Insurtech : 3 questions à Philippe Moulin

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Philippe Moulin

CEO de DriveQuant

Demain l’assurance : Data et assurance : Simple renouveau ou relais de croissance ?

Philippe Moulin : La data a toujours joué un rôle central dans la définition des contrats d’assurance, avec au départ l’exploitation de données simples liées principalement à la démographie des assurés et à leur historique de sinistres. A la fin des 1990’s, les premières assurances paramétriques font leur apparition pour mieux couvrir l’activité agricole intimement liée au climat et seront ensuite appliquées aux autres secteurs d’activité météo sensibles. Plus récemment, le secteur de l’assurance auto a débuté une transformation grâce à l’exploitation des datas de conduite. Les données collectées permettent de créer des programmes d’assurance à l’usage, en mesurant le temps passé au volant, les distances parcourues, ou encore le comportement routier.

Ce qui est nouveau en revanche, c’est l’abondance et la facilité d’accès à ces datas à faible coût grâce à l’évolution des technologies de collecte vers le Smartphone et les objets connectés (IoT). C’est une véritable source d’opportunités pour les assureurs qui ont la possibilité de créer de nouveaux modèles s’appuyant sur des données encore jamais exploitées, et nous n’en sommes qu’au début. Côté assurance auto/moto, il est par exemple devenu simple de déployer une application mobile capable à la fois d’accompagner les assurés pour la gestion de leur contrat d’assurance, tout en capturant et en traitant en temps réel leurs données de conduite.

L’ère de l’assurance auto connectée qui débute est vertueuse puisqu’elle bénéficie au professionnel et au consommateur. D’un côté l’assureur peut établir des profils de risque précis et mettre en place des actions de prévention ciblées et efficaces pour réduire le risque routier, automatiser la gestion des sinistres et apporter des services d'assistance aux clients. Côté assuré, les technologies basées sur le Smartphone leur apportent une tarification plus juste, basée sur l’usage réel de leur véhicule, ainsi que des services qui dépassent le cadre simple de leur contrat d’assurance tels que la détection des accidents et l'assistance en temps réel, le coaching, les systèmes de récompenses ou encore les programmes d’éco-conduite.

Demain l’assurance : Startups et grands groupes assurantiels : ennemis ou complémentaires ?

Philippe Moulin : Startups et grands groupes assurantiels sont en général très complémentaires. En effet, l’agilité des Insurtechs permet aux groupes assurantiels d’innover plus rapidement et surtout de capitaliser sur des technologies qui ont déjà été développées. D’ailleurs, la pérennité économique des petites structures innovantes de cet écosystème est souvent liée aux relations nouées sur le long-terme avec ces groupes et à l’importance de processus de cocréation continue pour toujours servir au mieux les assurés.

Parmi les Insurtechs, on observe d’un côté l’émergence d’acteurs qui grignotent des parts de marché en se positionnant directement en concurrence des groupes historiques via des modèles pure players en BtoC, et de l’autre des fournisseurs de technologie qui se positionnent sur le segment BtoB ou BtoBtoC. Si dans le premier cas de figure on peut moins souligner le caractère complémentaire d’activité des insurtechs vis-à-vis des grands groupes assurantiels, elles jouent un rôle important de catalyseur pour les pousser à investir et se réinventer. Quant aux insurtechs qui fournissent des technologies via des services intégrés en marque blanche par les assureurs et autres assurtechs, c’est la position de DriveQuant par exemple, la notion de complémentarité est ici essentielle. Nous ne pourrions ni développer notre activité ni déployer nos solutions seules, mais nous permettons aussi à nos partenaires de tirer profit de services qu’ils ne pourraient structurellement pas concevoir seuls.

Demain l’assurance : La crise sanitaire a-t-elle réellement changé la donne, ou le business repartira-t-il ?

Philippe Moulin : Le secteur de l’assurance auto est au cœur d’une mutation accélérée par la crise de la COVID-19. Les assurés ont constaté l’inadéquation de leur contrat d’assurance auto lorsque leurs véhicules se sont retrouvés immobilisés pendant de nombreuses semaines en conséquence des confinements et restrictions de déplacements. Certaines compagnies d’assurance ont d’ailleurs pris l’initiative de rembourser une partie des cotisations aux assurés suite à la diminution logique du nombre d’accidents. Mais cela n’est pas suffisant. La demande pour des produits d’assurance plus justes et transparents ne cesse de croître, c’est-à-dire l’accès à des tarifs basés sur l’usage réel des véhicules.

En France, nous n’en sommes qu’aux prémices de l’ère de l’assurance auto connectée. Si tous les acteurs du marché (ou presque) ont déjà testé ces technologies, aucun d’entre eux n’a réellement franchi le cap pour attirer de nouveaux clients ou de transférer leurs assurés vers ces offres connectées. Mais cela semble être une question de mois à présent si l’on observe les dernières tendances. Dans le monde, le marché de l’assurance auto télématique pesait déjà plus de 25 milliards de dollars en 2019 et est estimé à 115 milliards en 2027[1]. Les USA, l’Italie, le Royaume-Uni et le Canada restent les marchés les plus importants. C’est d’ailleurs pour cette raison que la stratégie de DriveQuant a très vite de ne pas concentrer son activité uniquement sur l’hexagone pour accompagner cette révolution globale du secteur de l’assurance.

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Ingénieur des Mines de Paris et Docteur en Mathématiques Appliquées, Philippe Moulin commence sa carrière dans le milieu automobile. Il travaille d’abord pour des fabricants de pièces auto, puis rejoint l'Institut Français du Pétrole et des Énergies Nouvelles (IFPEN). Après avoir été le leader de nombreux projets innovants autour des véhicules connectés, Philippe décide de fonder DriveQuant en 2017 afin d'offrir au marché des services d'analyse de la conduite en s'appuyant sur son expertise de la physique.

[1] Source: Insurance Telematics in Europe and North America – 5th Edition by Berg Insight AB

 

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