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Insurtech - Page 5

  • Demain l’Insurtech : 3 questions à William Béreault

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    William Béreault

    Expert en Data et en Nouvelles Technologies, William Béreault a, à travers son expérience professionnelle acquise à l’Internationale, chez l’annonceur et en agence, participé à la Conception et à la Vente de nombreuses Solutions Digitales et programmes CRM.

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    Demain l’assurance : Data et assurance : Simple renouveau ou relais de croissance ?

    William Béreault : Je serai tenté de répondre les deux.

    Un renouveau pour des entreprises d’une certaine taille, qui grâce à leur inertie continuent à se développer, mais qui ont parfaitement conscience, qu’il existe de nombreuses brèches dans « la coque du navire », notamment sur la connaissance de leurs clients.

    L’apparition brutale d’un contexte global incertain, conjugué à l’arrivée de nouveaux acteurs de type Insurtech, obligent les entreprises plus classiques, à revisiter des thématiques jusqu’alors moins importantes à leurs yeux, comme la data. En travaillant cet actif stratégique, les assurances plus traditionnelles peuvent ainsi revisiter leur business model, pour être plus compétitives et appétentes auprès de leurs clients.

    C’est également un relais de croissance extraordinaire, lorsque l’on s’aperçoit in fine, de la formidable opportunité que représente une data parfaitement exploitable (dataReady).

    Les Insurtech qui centrées directement sur la data produisent à coûts moindres, disruptent le marché assurantiel ont intégrées cette notion nativement. Cela leur permet d’alimenter efficacement toutes les fonctions de l’entreprise, d’anticiper les risques en modélisant les cas passés. Elles peuvent également créer des offres adaptées en créant de la proximité avec les clients, le tout en dégageant des marges significatives pour l’entreprise et des prix attractifs pour les clients.

    Demain l’assurance : S’achemine-t-on vers des stratégies tout digitales ou le phygital trouvera-t-il toujours sa place ?

    William Béreault : Pourquoi les futures stratégies, ne s’orienteraient-elles pas vers plus de création de valeur en combinant à la fois la simplification, l’automatisation des tâches lorsque cela est nécessaire, mais aussi renforçant la proximité humaine quand il le faut ?

    On a souvent tendance à opposer ces deux notions qui pour moi, sont parfaitement complémentaires. Pourquoi se priver du digital qui permet en temps réel, d’automatiser et simplifier des tâches qui sont à la fois pesantes pour le consommateur mais aussi pour l’employé ?

    Je pense que la relation humaine n’a d’importance que lorsqu’elle vous apporte quelque chose qui ne se remplace pas : l’émotion, le plaisir d’être bien reçu ou conseillé, le réel sentiment d’être pris en considération. On remarque aujourd’hui dans de nombreux domaines que cette dualité devient en fait une complémentarité. Par exemple dans les RH on cherche à la fois à digitaliser c’est à dire industrialiser des processus, en répartissant des tâches simples dans des outils qui permettent une mesure, mais on cherche également à créer plus de lien, plus de motivation avec les sciences humaines, grâce à des personnes qui parlent à d’autres, pour créer et donner du sens à ce que l’on fait.

    Demain l’assurance : L’innovation part -elle de la technique ou du client ?

    L’innovation est partout ! Elle n’est pas seulement du ressort de la technique mais de bien des sujets : business model, process, managériale, …

    Bien souvent l’innovation émerge du besoin des clients sur un marché connu. En arrivant à maturité ce marché n’est plus aussi bien traité ou devient trop coûteux aux yeux des consommateurs. Dans ce cas on cherche à améliorer l’existant et cela se résume à travailler sur deux axes : La valeur perçue et le coût de revient. On va alors partir des nouveaux besoins à satisfaire des clients et innover pour « Disrupter » c’est-à-dire raccourcir la chaîne de valeur actuelle, pour atteindre ces objectifs.

    Dans d’autre cas, on innove sur des sujets non matures, sur lesquels il n’existe pas de besoin client, ni de marché à date. C’est en quelque sorte un pari sur l’avenir. Bien souvent, une technologie peut-être en effet le démarrage d’un futur cas d’usage ex : L’imprimante 3d à été d’abord une technologie sur laquelle on a trouvé des cas d’usages avec le temps.

    En conclusion, l’innovation n’est pas uniquement liée aux aspects technologiques.

    Si on devait donner une définition simple, je pense qu’innover c’est en quelque sorte la capacité qu’a une entreprise, à se réinventer en permanence.

  • Demain l’Insurtech : 3 questions à Emmanuel Moyrand

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    Emmanuel Moyrand

    CEO de Monuma

    Demain l’assurance : Data et assurance : Simple renouveau ou relais de croissance ?

    Emmanuel Moyrand : La data est le l’or noir de demain disait Steve Jobs en 2007. Pour le monde de l’assurance qui est le notre, les clients restent pour la majeure partie méconnus de leurs compagnies. Le fait de stratifier un portefeuille est dans bien des cas une tache très ardue voire impossible pour des directeurs de clientèles de grands courtiers. Mais le client de 2030 demande des attentions et des produits plus ciblés pour répondre à ses besoins. De ce fait la data, donc la KYC, devient fondamentale pour construire le visage de l’assurance de demain : les milliers de data structurées par les Insurtech sur les comportements des clients sont en même temps un relais énorme de croissance pour construire les nouveaux territoires d’assurances mais aussi le ferment du renouveau d’une assurance « client centric ».

    Demain l’assurance : La crise sanitaire a-t-elle réellement changé la donne, ou le business repartira as usual ?

    Emmanuel Moyrand : La donne d’aujourd’hui est la nécessité de s’adapter en temps réel aux changements sans hésiter : la, ou le, contact humain devient soudainement impossible, le digital a pris le relais. Donc oui, la donne est changée et le business de demain prendra d’autres formes, capable de changer de modes immédiatement, pour apporter la continuité de service. La crise nous a rendu plus agile, et plus innovante peut-être.

    Demain l’assurance : S’achemine-t-on vers des stratégies tout digital ou le phygital trouvera-t-il toujours sa place ?

    Emmanuel Moyrand : L’assurance a cela de vrai et d’actuelle qu’elle répond à un besoin fondamental du client à être rassuré … or pour aboutir à ce sentiment de couverture qui apporte une sérénité, le phygital est nécessaire. Basculer dans le tout digital serait méconnaitre le besoin d’humain dans la relation d’assurance. Le lien bien dosé entre le digital (des outils) et l’humain ( des explications) est la clé d’une bonne stratégie.

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    Emmanuel Moyrand, CEO de Monuma, débute sa carrière chez Christie’s avant de rejoindre différentes maisons de ventes parisiennes. En 2006, il intègre Seri-Expert afin d’y développer l’expertise de bijoux et objets d’art.

    Après avoir développé des structures dédiées aux beaux-arts dans le domaine des assurances, il créé Monuma en 2017. Composée d’experts certifiés, la société est spécialisée dans l’expertise et la valorisation des objets d’exception. Elle a développé une solution unique d’expertise à distance de certification numérique s’appuyant sur la technologie blockchain. La startup est labellisée French Tech Culture et médaillée au CES Las Vegas de 2018

    En 2019, Generali et Monuma développent une application pour l’offre d’assurance Arte Generali permettant aux clients d’estimer et de certifier leurs biens en ligne et de manière totalement sécurisée.

    Emmanuel Moyrand est titulaire d’une licence d’histoire de l’art et d’archéologie, d’une maîtrise de droit et d’un diplôme de l’Ecole du Louvre.

     

  • Demain l’Insurtech : 3 questions à Philippe Moulin

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    Philippe Moulin

    CEO de DriveQuant

    Demain l’assurance : Data et assurance : Simple renouveau ou relais de croissance ?

    Philippe Moulin : La data a toujours joué un rôle central dans la définition des contrats d’assurance, avec au départ l’exploitation de données simples liées principalement à la démographie des assurés et à leur historique de sinistres. A la fin des 1990’s, les premières assurances paramétriques font leur apparition pour mieux couvrir l’activité agricole intimement liée au climat et seront ensuite appliquées aux autres secteurs d’activité météo sensibles. Plus récemment, le secteur de l’assurance auto a débuté une transformation grâce à l’exploitation des datas de conduite. Les données collectées permettent de créer des programmes d’assurance à l’usage, en mesurant le temps passé au volant, les distances parcourues, ou encore le comportement routier.

    Ce qui est nouveau en revanche, c’est l’abondance et la facilité d’accès à ces datas à faible coût grâce à l’évolution des technologies de collecte vers le Smartphone et les objets connectés (IoT). C’est une véritable source d’opportunités pour les assureurs qui ont la possibilité de créer de nouveaux modèles s’appuyant sur des données encore jamais exploitées, et nous n’en sommes qu’au début. Côté assurance auto/moto, il est par exemple devenu simple de déployer une application mobile capable à la fois d’accompagner les assurés pour la gestion de leur contrat d’assurance, tout en capturant et en traitant en temps réel leurs données de conduite.

    L’ère de l’assurance auto connectée qui débute est vertueuse puisqu’elle bénéficie au professionnel et au consommateur. D’un côté l’assureur peut établir des profils de risque précis et mettre en place des actions de prévention ciblées et efficaces pour réduire le risque routier, automatiser la gestion des sinistres et apporter des services d'assistance aux clients. Côté assuré, les technologies basées sur le Smartphone leur apportent une tarification plus juste, basée sur l’usage réel de leur véhicule, ainsi que des services qui dépassent le cadre simple de leur contrat d’assurance tels que la détection des accidents et l'assistance en temps réel, le coaching, les systèmes de récompenses ou encore les programmes d’éco-conduite.

    Demain l’assurance : Startups et grands groupes assurantiels : ennemis ou complémentaires ?

    Philippe Moulin : Startups et grands groupes assurantiels sont en général très complémentaires. En effet, l’agilité des Insurtechs permet aux groupes assurantiels d’innover plus rapidement et surtout de capitaliser sur des technologies qui ont déjà été développées. D’ailleurs, la pérennité économique des petites structures innovantes de cet écosystème est souvent liée aux relations nouées sur le long-terme avec ces groupes et à l’importance de processus de cocréation continue pour toujours servir au mieux les assurés.

    Parmi les Insurtechs, on observe d’un côté l’émergence d’acteurs qui grignotent des parts de marché en se positionnant directement en concurrence des groupes historiques via des modèles pure players en BtoC, et de l’autre des fournisseurs de technologie qui se positionnent sur le segment BtoB ou BtoBtoC. Si dans le premier cas de figure on peut moins souligner le caractère complémentaire d’activité des insurtechs vis-à-vis des grands groupes assurantiels, elles jouent un rôle important de catalyseur pour les pousser à investir et se réinventer. Quant aux insurtechs qui fournissent des technologies via des services intégrés en marque blanche par les assureurs et autres assurtechs, c’est la position de DriveQuant par exemple, la notion de complémentarité est ici essentielle. Nous ne pourrions ni développer notre activité ni déployer nos solutions seules, mais nous permettons aussi à nos partenaires de tirer profit de services qu’ils ne pourraient structurellement pas concevoir seuls.

    Demain l’assurance : La crise sanitaire a-t-elle réellement changé la donne, ou le business repartira-t-il ?

    Philippe Moulin : Le secteur de l’assurance auto est au cœur d’une mutation accélérée par la crise de la COVID-19. Les assurés ont constaté l’inadéquation de leur contrat d’assurance auto lorsque leurs véhicules se sont retrouvés immobilisés pendant de nombreuses semaines en conséquence des confinements et restrictions de déplacements. Certaines compagnies d’assurance ont d’ailleurs pris l’initiative de rembourser une partie des cotisations aux assurés suite à la diminution logique du nombre d’accidents. Mais cela n’est pas suffisant. La demande pour des produits d’assurance plus justes et transparents ne cesse de croître, c’est-à-dire l’accès à des tarifs basés sur l’usage réel des véhicules.

    En France, nous n’en sommes qu’aux prémices de l’ère de l’assurance auto connectée. Si tous les acteurs du marché (ou presque) ont déjà testé ces technologies, aucun d’entre eux n’a réellement franchi le cap pour attirer de nouveaux clients ou de transférer leurs assurés vers ces offres connectées. Mais cela semble être une question de mois à présent si l’on observe les dernières tendances. Dans le monde, le marché de l’assurance auto télématique pesait déjà plus de 25 milliards de dollars en 2019 et est estimé à 115 milliards en 2027[1]. Les USA, l’Italie, le Royaume-Uni et le Canada restent les marchés les plus importants. C’est d’ailleurs pour cette raison que la stratégie de DriveQuant a très vite de ne pas concentrer son activité uniquement sur l’hexagone pour accompagner cette révolution globale du secteur de l’assurance.

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    Ingénieur des Mines de Paris et Docteur en Mathématiques Appliquées, Philippe Moulin commence sa carrière dans le milieu automobile. Il travaille d’abord pour des fabricants de pièces auto, puis rejoint l'Institut Français du Pétrole et des Énergies Nouvelles (IFPEN). Après avoir été le leader de nombreux projets innovants autour des véhicules connectés, Philippe décide de fonder DriveQuant en 2017 afin d'offrir au marché des services d'analyse de la conduite en s'appuyant sur son expertise de la physique.

    [1] Source: Insurance Telematics in Europe and North America – 5th Edition by Berg Insight AB